Conversation entre Hervé de Lanversin et Fabienne Berthet, inspirée par le travail de DINEO SESHEE BOPAPE
Cette notion de sacré est inhérente à l’action que vous menez ?
La sacralité peut nous aider à amplifier nos engagements. Chacun d’entre nous peut l’apporter à la quête d’une vie harmonieuse avec notre environnement…
Le lien avec l’eau, et notamment son accès à tous, qui est l’objet de notre engagement, est une évidence. Sans eau, il n’y a pas de vie et la vie est sacrée…
Pour vous la responsabilité est collective ?
Depuis le milieu du XIXème siècle, le Monde a profondément changé. Sous l’emprise de la révolution industrielle, de l’explosion démographique et de la transformation de transports, le Monde moderne est devenu un Monde très complexe où la mixité économique, culturelle et sociale rend la proposition de solutions et la prise de décision extrêmement difficile. Il ne faut donc pas attendre que les puissances gouvernementales décident pour nous. Il est du ressort de chacun d’apporter, par ses engagements, de l’harmonie entre l’homme et l’environnement, Nous sommes tous responsables.
Chacun doit agir selon ses convictions et se mobiliser.
Comment agir ?
Ce constat sur l’évolution du Monde nous indique que nous ne pouvons plus attendre d’une autorité supérieure qu’elle apporte une réponse qu’elle ne pourra pas fournir. La solution doit venir de l’initiative individuelle et collective.
Il ne s’agit donc pas de se donner bonne conscience en suivant de fausses pistes, c’est contre-productif.
Au contraire, pour changer les choses, il importe d’avoir une vue d’ensemble qui guidera les engagements individuels.
Nous pouvons interroger les fondements de nos sociétés, nous pourrions par exemple interroger les croyances sur lesquelles nos sociétés se sont construites et notamment les écrits religieux qui dans leurs premières lignes nous enseignent que l’homme est supérieur aux autres espèces.
Cet enseignement est contraire à l’épanouissement de l’harmonie nécessaire à la vie sur la terre.
Le principe comme quoi l’homme est supérieur aux autres espèces est devenu inacceptable.
Notre raison d’être, celle de SEAWARDS, est en ligne avec cela. Et il faut sortir du sentiment de toute-puissance pour nommer le réel. Comme l’expérience de ces organismes ultra complexes nous le montre, c’est par le chaos qu’un nouvel ordre s’organise. L’urgence climatique ne doit pas empêcher de prendre un bon chemin et d’analyser la cause profonde des dysfonctionnements.
La prise de conscience industrielle, puis collective pour construire une solution organisée s’impose.
La puissance publique se doit d’encourager les initiatives individuelles et collectives qui par le Monde génèreront le chaos d’où naitra la solution.
C’est bien là l’essentiel de ce qui nous attend.
Il conviendra de construire l’harmonie dans laquelle l’homme doit vivre avec son environnement. Elle doit être l’objet de nos initiatives individuelles et collectives. Elle doit être sacralisé par nos engagements.
L’art permet-il le changement ?
Certains artistes montrent la voie ! Je pense à cette artiste née en Afrique du Sud, Dineo Seshee Bopape qui travaille sur la mémoire et l’identité. Au travers d’installations mêlant souvent la vidéo aux objets communs, l’artiste interroge aussi bien les situations géopolitiques que les faits plus intimes. Les œuvres de Dineo Seshee Bopape sont des espaces sensibles et sociaux, avant d’être des objets : les sons, les odeurs, la façon dont le corps du visiteur est mobilisé, constituent autant de points d’entrée pour des réflexions d’ordre historique et politique. L’artiste sollicite à la fois les sens et la raison, mais aussi nous éveille à une certaine forme de spiritualité. Dineo Seshee Bopape a exposé son travail au Palais de Tokyo et au sein de la Pinault Collection à l’occasion de l’exposition « Avant l’orage »…
La sacralité s’organise !